"A l'époque, mon coeur tremblait à chaque fois que j'entendais le mot Ministère de l'Intérieur. On craignait qu'ils viennent nous chercher dès qu'on voyait une voiture de police. J'avais complètement peur de demander de l'aide à quelqu'un d'autre parce que j'étais une immigrée clandestine et que je ne voulais pas que n'importe qui le sache. Je n'ai même pas songé à parler de ce problème que j'avais avant d'avoir obtenu mes papiers."

- Tasha,* une Somalienne de Bristol à la recherche de son père disparu

"Au début, j'ai essayé de les chercher mais ma situation m'a stoppé. Je me suis dit: si je les trouve, que se passera-t-il? Je n'ai pas d'argent, pas d'endroit où loger et rien pour eux. J'ai honte de moi et ils auront aussi honte de moi quand ils verront ma situation. Je veux savoir où ils sont et s'ils vont bien. Alors une fois que les choses iront mieux, je pourrai les revoir."

- Shinne,* un Somalien à la recherche de ses frères disparus

"Il est parti avec un autre garçon du même âge, son ami de toujours; son ami n'a pas été retrouvé non plus; ils sont simplement partis. Ils m'ont appelé d'une plage, ils ont dit qu'ils dormiraient là, et qu'ils partiraient le lendemain. C'était un samedi et c'était la dernière fois qu'ils ont appelés".

- Noor,* une mère marocaine à la recherche de son fils.

"Nous ne savons pas quelle institution est chargée de fournir des informations sur les migrants disparus. Je ne sais pas où aller ni vers qui m'adresser au sein du gouvernement. Deuxièmement, il est impossible de se rendre dans le pays où [mon fils] a disparu car je n'en ai pas les moyens. Ce que je peux faire, c'est obtenir des nouvelles du delala [passeur] qui a facilité son voyage. Bien que je sois très déçue par les delaloch [passeurs], je n'ai jamais pensé à les accuser [de la disparition de mon fils], notamment parce que la plupart d'entre eux sont des membres de ma famille. De plus, j'ai peur d'aller au bureau du gouvernement car j'ai entendu parler de familles qui ont envoyés leurs enfants par des voies illégales et qui ont été arrêtées et jetées en prison. Ainsi, ce que je peux faire, c'est continuer à prier, en espérant qu'un jour mon Dieu m'annoncera de bonnes nouvelles."

- Mère d'un migrant éthiopien disparu

*Tous les noms ont été changés pour protéger l'identité des personnes citées.